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ESPIRITU AVENTURA
5 novembre 2012

MON GRR 2012: RECIT DE MA COURSE

Jeudi 17h30 : nous partons (Bernard et Mimi, François et Domi, Cathy, Patrick et Monique et moi) de St Pierre en voitures, assez tôt pour ne pas prendre le risque d’être bloqués par les embouteillages. Nous emportons avec nous les sacs que nous laisserons au départ et qui seront acheminés sur les 2 bases de vie (PK 72 et 136), ainsi qu’à l’arrivée au stade de la Redoute, à St Denis. Le trajet se passe sans soucis, avec quelques ralentissements sans conséquence. Nous arrivons à Cap Méchant à 19h, ce qui nous permet de prendre tranquillement notre repas préparé (pâtes avec thon en salade). Nous pénétrons dans le stade pour le contrôle des sacs, très minutieux et nous trouvons une place pour nous allonger en attendant le départ. Bonne ambiance sur le stade. Il ne pleut pas contrairement à ce qui avait été annoncé. Les sacs poubelles préparés pour l’occasion resteront dans les sacs à dos. Au moins nous restons au sec, pour le moment.

Sur l’estrade, des chants, des danses créoles. Nous retrouvons Gérard. L’attente se passe bon enfant, à discuter entre coureurs, à plaisanter. Nous attendons devant une des caméras de Réunion 1ère qui diffuse en direct le départ. Isabelle, notre logeuse a donc l’occasion de nous voir en direct à plusieurs reprises lol…..

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Robert Chicaud donne les dernières conseils et infos météo (on va se mouiller !!!!!). L’hymne de la course (pas très prenant) retentit et à 22h pétante, les 2750 raiders sont lâchés, Kilian en tête.

Départ assez rapide, sur goudron, plutôt descendant, sur 7 km de la RN. Puis nous quittons la route pour une route forestière avec des champs de canne de plus de 2 fois la hauteur d’un homme. Le peloton qui s’était allongé se regroupe au niveau du PC1.

On peut encore courir….. mais dés que la pente augmente, je fais le choix de marcher pour s’économiser. Ce début de course est bien sympa, malgré le petit crachin qui tombe. Je suis dans la 1ère moitié du peloton, comme je l’avais envisagé.

Nous arrivons au kiosque de Mare Longue, avec le début du sentier qui nous conduit au volcan du Piton de la Fournaise. Monotrace, il est quasi impossible de se dépasser mais le rythme est bon, avec quelques tempos de repos dés que le passage est un peu technique. Pas froid malgré le T-shirt mouillé mais je resterai comme ça jusqu’à la sortie de la forêt car le vent qui souffle alors est froid !!.

Ce qui est surprenant, c’est de constater que durant cette montée de plus de 2000 m, on dépasse de nombreux coureurs arrêtés au bord du parcours, essoufflés. Ce n’est que la 1ère difficulté…..

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Au ravito de Foc Foc, PK 29, je suis 1344 ième. Je suis bien… Dés que je peux, je trottine….  Le jour se lève. Je vais mettre 50 min pour atteindre le PK35 du Volcan,  soit 6 km. J’avance bien, avec pour seul objectif le ravito suivant.

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Je passe Piton Textor (PK 42) et puis Mare à Boue au PK52. Je gagne en permanence des places puisque je suis maintenant  1117 ième….

2 jours avant la course, nous avions randonné du coté du Piton Textor, et nous plaisantions car le parcours était très sec, avec beaucoup de poussière. Aujourd’hui, à cause de la pluie qui continue de tomber, c’est de la boue, avec des passages en « ramasse » entre les barbelés lol Attention à ne pas s’accrocher les vêtements !!!!

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C’est à Mare à Boue que les militaires français ont planté le ravito sous tente, avec des pâtes et du poulet qui cette année ne sera pas cuit au barbecue à cause de la pluie qui tombe…. Il fait un peu froid et la boue est là.

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Nous partons ensuite vers la caverne Dufour, prés du Piton des Neiges, en empruntant le sentier Mollaré, sur l’arête de Kerveguen. Un panneau indicateur rappelle aux randonneurs : « Sentier très fortement déconseillé par temps de pluie ». Il a plu et il continue de pleuvoir…… Nous allons « gadouiller » pendant de longues heures…. Après 4h30  de « gadoue », j’arrive à la caverne Dufour où est installé le ravito. PK 64 et 1170 ième. 

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Mes ennuis gastriques que je redoutais recommencent… Je ne peux pas m’alimenter et le peu que je réussi à ingurgiter ressort immédiatement. Tant pis, il faut continuer et redescendre sur Cilaos pas le sentier di Bloc. Un sentier très technique, avec des marches réunionnaises. Je vais mettre plus de 2h pour faire les 8 km de descente. C’est là que l’on apprécie en temps normal les bâtons qui amortissent la descente, mais cette année, aucun bâton n’est autorisé !!! Alors je préfère descendre cool pour protéger les articulations, et les genoux.

Juste avant l’entrée du stade de Cilaos, je retrouve Régine avec qui j’avais discuté auparavant. Comme la nuit va bientôt tomber, et pour ne pas poursuivre seul, nous décidons de repartir ensemble à 17h30 après que chacun se soit ravitaillé, reposé, … Régine fait partie d’un team réunionnais (ex DDE) et a donc à sa disposition une logistique à part.

Monique est là, à l’entrée du stade à nous attendre ; ça fait plaisir de retrouver une équipière..

Je m’arrête donc 1h30 à Cilaos, pour me laver (une douche à l’eau froide mais qu’elle est bonne), nettoyer les chaussures qui sont boueuses, me changer entièrement car j’ai déjà consommé 3 T-shirts de mon sac, puis une séance de massage des mollets et cuisses (ça fait du bien), puis restauration car j’ai besoin de manger, et il ne me reste que 10 min pour faire un micro sommeil sur un lit à picots, près de la sono. J’arrive quand même à dormir et c’est mon téléphone qui me réveille.

Je retrouve au pointage Régine, qui est venue avec David, un collègue et nous repartons à 3 pour la suite de notre raid. Ça fait du bien d’être plusieurs, de discuter, de plaisanter, car il va falloir faire une longue descente avant  la montée du col de Taibit. Au bas du col, nous décidons de refaire une micro pause et de profiter des lits à picots installés au PC pour faire reposer nos yeux 20 min.

La montée du Taibit se fait au train, chacun d’entre nous assurant ses relais. D’autres coureurs se « mettent dans notre roue » …. La montée se passe plutôt bien puisque nous atteignons la brèche au bout de 2h. Redescente sur Marla (PK85) , de nuit, que nous atteindrons à 23h40. Nous sommes 1112 ièmes…  Nous venons de parcourir la moitié de la distance !!!!!!

A Marla, il fait froid, nous sommes mouillés, nous avons sommeil mais impossible de bien dormir car tous les lits sont occupés et une trentaine de coureurs dorment dehors, sur l’herbe, enveloppés dans leur couverture de survie. J’essaye de m’alimenter, sans succès, puis sors la couverture de survie pour me reposer quelques min sur le bord de la table. Pas facile de dormir mais je peux fermer les yeux au moins….

On préfère repartir que de rester là à avoir froid. Direction Sentier Scout, puis Ilet à Bourse, en passant par la plaine des Tamarins. On avance bien, en conservant pour seul objectif le prochain ravito.

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C’est dans cette portion que va se jouer un drame. Dans la descente du Col de Fourche, au niveau des marches en béton, un raideur fait une chute mortelle quelques dizaines de mètres devant nous. Nous sommes alertés par un autre coureur qui remonte rapidement le sentier pour nous prévenir : les marches sont très glissantes et un coureur a glissé, puis chuté hors du sentier plusieurs mètres en contrebas. Nous lançons des appels mais personne ne répond. Impossible de distinguer quelque chose dans la nuit et dans cette végétation tropicale qui cache le vide. Des coureurs sont déjà partis alerter les secours qui arriveront très rapidement. Nous apprendrons plus tard que ce coureur de 52 ans, expérimenté, est décédé dans cette chute…..

Nous faisons alors encore plus attention à ces portions de monotraces, avec cette végétation qui en bordure masque le vide.

Nous arrivons à Grand Place (PK 104) ) 7h50. La météo est bonne, il fait déjà chaud et nous sommes dans les 1000 !!!!! On avance bien….

Pour sortir du cirque de Mafate, il faut maintenant monter à Roche Plate et ensuite le Maido, en pleine chaleur.

Nous profitons de la traversée de ruisseaux et des belles vasques pour nous rafraichir, et même nous tremper entièrement !!!! Que c’est bon !!!! A la sortie d’un ravito, je retrouve Bernard qui avance bien aussi. Aucune nouvelle des autres !!!!

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Ces 2 montées, de 600 m et 900 m, sont très difficiles ; il fait très chaud. Il faut boire beaucoup. Il me faudra 8h pour atteindre le Maido, au PK120. Je progresse encore puisque je suis 921 ième. Je suis bien. J’attends Bernard qui ne vient pas. J’apprendrai qu’il a du redescendre un peu à la suite de l’oubli de ses lunettes prés de l’eau ( !!!).

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J’appelle Bernard qui va arriver mais qui attend Cathy…. Comme le temps passe, je le rappelle pour lui indiquer que je descends au prochain ravito de Sans Souci et que je l’attendrai là bas.

La descente n’en finit pas, avec des marches et des goyaviers. Arrivée à Sans Souci la nuit à 20H30. Je suis sorti du top 1000 !!!! Je me restaure, et j’essaye de dormir un peu en attendant Bernard et Cathy. Un coup de fil me réveille : c’est Bernard qui ne m’a pas trouvé et qui est reparti avec Cathy. Je me lève vite et je repars moi aussi. A la sortie du ravito, qui vois je ? Le reste du team Acfa !!!! Mimi, Patrick, Domi et François qui ont abandonné…. Déçu pour eux.

Je rattrape Bernard et Cathy, et nous poursuivons ensemble jusqu’au prochain ravito au PK136. Nous retrouvons Gérard qui a lui aussi abandonné suite à un problème à un pied. Cathy et Bernard décident de prolonger l’arrêt à cause du sommeil. Je me sens bien et je repars donc seul, d’un bon pas pour le final, avec pour seul objectif arriver et donc ne pas se blesser. J’ai une peur bleue des entorses depuis celle de 2010 !!!!

Je retrouve un parcours que je connais et que je n’aime pas pour arriver à la Possession car je n’y vois aucun intérêt sportif mais bon, il faut le faire. Je reconnais que j’emboite le pas d’un autre raider et à 2, on avance rapidement, même dans cette partie où l’on doit se retenir aux arbustes avec les mains pour ne pas chuter…. Un vrai parcours du combattant, qui présente de plus des dangers de chute de blocs instables…. C’est comme avec les séracs, mieux vaut ne pas rester trop longtemps dans la zone où ils pourraient s’écraser…. Au PC de la Possession, PK 149, je pointe 970 ième, et je me sens bien.

A Grande Chaloupe, je profite du ravito d’un team pour bien me restaurer et boire même un jus de fruit frais qui m’est proposé gentiment. Je déguste aussi 5 ou 6 tranches de kiwi gentiment offertes par une très  jeune fille créole : que ça fait du bien….. Le jour s’est levé.

Reste maintenant à parcourir le Chemin des Anglais, cette partie pavée, avec des pavés énormes, un peu dans tous les sens. Surtout ne pas se blesser….Je débute la montée, mais je commence à zigaguer, allant de gauche à droite du chemin. Il faut que je m'arrête pour dormir un peu car je vais me blesser. Je trouve un endroit sur un muret, avec des feuilles de tamarins séchées qui me feront un bon matelas. Je mets une alarme sur mon téléphone: 10 min, pas plus. Je me recroqueville sur moi même et je m'endors immédiatement. La sonnerie me réveille; j'aurais bien dormi un peu plus mais il faut y aller.Je repars un peu dans les vapeurs mais le rythme revient rapidement.

Je redoutais cette partie et surprise, j’avance en me faisant plaisir….C’est vrai que ces pavés ne sont pas chauds comme ils peuvent l’être le soir après avoir pris le soleil toute la journée…

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Puis montée à Colorado, dernier ravito et dernière côte de la course. Ça sent bon l’arrivée mais soyons vigilant car tout pourrait basculer sur une erreur…. Ce final se passe relativement bien. J’arrive à Colorado à 9h30 et j’ai encore gagné des places. Un arrêt rapide et je repars pour cette descente sur la Redoute, piégeuse, avec plein de racines de cryptomerias, des blocs, .. Je me sens des ailes et je dépasse pas mal de coureurs ou randonneurs.

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J’appelle Patrick pour lui annoncer mon arrivée prochaine. Il m’attend depuis quelques temps et las de m’attendre, il s’est un peu assoupi assis à l’entrée du pont. Je le vois et lui tape sur l’épaule. Il n’a pas le temps de me prendre en photo et me rattrape en courant, m’ouvre la route. Il se fait plaisir et moi je le suis à la culotte ce qui a pour effet de le faire accélérer. Nous courons à bonne allure jusqu’à l’entrée du stade où une arche est disposée. Je croyais que c’était l’arrivée et je m’arrête, mais pas du tout, il faut encore prendre la piste pour faire les derniers 300 mètres.

La ligne est franchie à 10h28, après 60h28’26’’ de course. Je suis 881 ième. Je récupère mon T Shirt de Finisher « j’ai survécu », et ma médaille.

Bernard et Cathy arriveront un peu après.

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Une grande Aventure. Content de moi et de ma gestion de la course.....

Je remercie tous ceux qui m'ont soutenu, avant et pendant l'épreuve.

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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Commentaires
C
beau commentaire qui permet de voir ton épreuve au fil des km et des difficultés. <br /> <br /> quelle aventure qui n'est pas ouverte au plus commun des trailers ...<br /> <br /> chapeau mon p'tit Pierre , c'est vrai que tu l'as bien méritée ta médaille ..*à plus sur les chemins auvergnats.
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